Christian Favier : « On peut sortir du glyphosate avant d’attendre son interdiction prévue en 2022 »
21 nov. 2019 – Le président du conseil départemental du Val-de-Marne est sur plusieurs fronts : il a pris un arrêté anti-glyphosate en septembre et vient de lancer une vaste campagne de pédagogie et de signatures pour obtenir un référendum sur la privation d’aéroports de Paris avec un bus itinérant. Christian Favier est l’invité de #LaMidinale.
VERBATIM
Sur l’arrêté anti-glyphosate pris par le département du Val-de-Marne « On sait qu’il y a eu des décisions contradictoires qui ont été prises par des tribunaux administratifs puisque le tribunal de Melun a déjà retoqué certains arrêtés alors même que celui de Cergy Pontoise a accepté deux arrêtés, ceux de Gennevilliers et de Sceaux. » « C’était important que notre département se positionne sur l’arrêté anti-glyphosate. D’ailleurs, d’autres l’ont fait comme le département de la Seine-Saint-Denis. » « On a pris un arrêté anti-glyphosate au titre du principe de précaution : si nous avons peu de surface agricole sur le département du Val-de-Marne, nous avons en revanche beaucoup de consommateurs avec nos 1,3 millions d’habitants. » « On peut sortir du glyphosate avant la date d’interdiction officielle c’est-à-dire fin 2022. » « C’est une question qui dépasse le clivage gauche/droite, on est sur un sujet d’intérêt public. C’est une question de santé publique. C’est un combat qui doit être large et pluraliste. » « Une partie des agriculteurs du département a déjà fait le choix de passer à une agriculture biologique. »
Sur le bus du département pour le référendum sur la privatisation d’ADP
« Nous voulons atteindre un premier objectif : le million de signatures. »
« Le président de la République lui-même avait dit qu’on pourrait revoir le seuil déclenché, en l’abaissant peut-être à un million, pour obtenir un référendum. On n’en est pas loin. »
« Dans notre département, nous sommes très sensibilisés par ce sujet parce que le présence de l’aéroport d’Orly a aussi des caractéristiques particulières : c’est un des rares aéroports, sinon le seul en Europe, qui, grâce aux luttes passées, bénéficie d’un couvre feu et d’une limitation du nombre de mouvements sur l’aéroports, notamment au niveau des atterrissages et des décollages. »
« Notre crainte, c’est que si demain un opérateur privé devait diriger l’aéroport, il devrait d’abord rendre compte à ses actionnaires avant de rendre compte à ses citoyens. »
« Il faut préserver la vie des riverains mais surtout la vie des salariés d’ADP et des compagnies. »
« On veut sensibiliser les habitants. (…) Et le bus que l’on met en place permet d’apporter des explications. »
Sur le clivage gauche/droite
« Il y a bien des sujets sur lesquels le clivage gauche/droite existe réellement : les retraites, l’assurance chômage, le logement et notamment la place du logement social dans les villes. Mais il y a des sujets qui rassemblent comme la privatisation d’aéroports de Paris. »
« Il y a une volonté partagée de l’ensemble des élus du Val-de-Marne de montrer les dangers de cette privatisation : notamment les pressions sur l’emploi. Les opérateurs privés vont chercher à vouloir réduire les coûts. »
« Les recettes des opérateurs privés sont toujours les mêmes : réduire les emplois, précariser l’emploi, plus de contractuels et moins de titulaires. »
Sur les engagements de l’Etat
« Aujourd’hui, on n’a pas confiance [dans les garde-fous annoncés par l’Etat] car une fois la privatisation faite, il y aura d’autres pressions. »
« L’aéroport n’est pas une activité banale. D’abord, c’est une activité économique qui rapporte à l’Etat plus de 130 millions d’euros. »
« Entre Roissy et Orly, Aéroport de Paris est la première frontière de la France donc il y a aussi des enjeux de sécurité nationale. Ce n’est pas le rôle des entreprises privées. La fonction régalienne de l’Etat doit être assumée. »
Sur les municipales
« Je regrette que la gauche ait autant de difficulté à se rassembler. »
« Le passage de la gauche au pouvoir n’a pas laissée que de bons souvenirs. »
« Il n’y a pas d’autres issues que de rassembler très largement la gauche si on veut continuer à porter des politiques de solidarité dans une période où les inégalités n’ont jamais été aussi fortes. »
« J’ai la chance d’être à la tête d’une collectivité où la gauche est très largement rassemblée et ça fonctionne : j’ai à la fois des élus socialistes, communistes, insoumis, verts, divers gauche, gauche citoyenne et tout le monde travaille ensemble. »
« Il y a beaucoup plus de points qui nous rassemblent que de points qui nous divisent donc c’est là-dessus qu’il faut travailler. »
« Comme président du Conseil départemental, j’appelle tous mes amis en responsabilités dans ce département à réfléchir d’abord à notre intérêt commun plutôt qu’aux intérêts de boutiques ou aux intérêts particuliers. »
« On aurait beaucoup à perdre si la gauche et les écologistes n’étaient pas rassemblés aux municipales. »