Les robots traders, la finance à haute fréquence
Depuis des années, le monde de la finance a connu une évolution sans précédent profitant de l’essor
des nouvelles technologies. L’informatisation complète des bourses a permis le développement de nouveaux outils d’analyse ainsi que l’apparition de produits financiers complexes. Mais depuis quelque temps, une méthode de trading est en train de révolutionner le monde de la finance: le trading à haute fréquence. Quelle est donc la place de cette méthode aujourd’hui?
Peut-on craindre pour la stabilité de notre économie?
Le principe du trading à haute fréquence est simple : il consiste à envoyer des ordres d’achats ou de ventes, mais à des vitesses dépassant largement la capacité humaine. Pour ce faire, les ordinateurs ont besoin d’algorithmes très complexes mis au point par des informaticiens de génie. Sur le fond, le but sera le même que pour un trader classique, pour simplifier acheter bas et vendre haut dans le but de réaliser une plus-value.
Les ordinateurs peuvent ainsi effectuer des ordres en un temps calculé en micro-secondes soit l’équivalent de 10^6 seconde. Cette unité de temps ne cesse de diminuer et une recherche constante est en cours afin de développer de nouveaux algorithmes qui seront couplés à des ordinateurs surpuissants. Des stratégies ont vu le jour profitant de cette avancée technologique pour brouiller le marché: il s’agit principalement de l’annulation des ordres, le spoofing / layering c’est-à-dire faire semblant de vendre avant d’acheter. L’AMF estime que le trading à haute fréquence représente environ 30%
des transactions financières en Europe et, plus du double de l’autre côté de l’Atlantique.
Coup de projecteur sur cette face cachée de la finance, qui engrange des profits démesurés grâce aux algorithmes et aux robots. Le temps, c’est de l’argent : cet adage est pris au pied de la lettre dans le domaine du trading à haute fréquence, où les meilleures affaires sont réalisées par ceux disposant de la connexion la plus rapide – tout se joue à quelques millisecondes près. Désormais, les ordinateurs commercent entre eux, créant ainsi des marchés financiers incontrôlables, où les paris sur les crises comme les investissements sont peu à peu détachés de la réalité. Tout commence à Las Vegas où, au milieu des années 1970, de jeunes physiciens tentent de rafler la mise grâce à des calculs de probabilités. Leurs algorithmes transforment ainsi roulette et black jack en opérations calculables qui sont ensuite transférées avec succès sur les marchés financiers. Depuis, les robots ont pris le relais, faisant du trading à haute fréquence une activité lourde de plusieurs milliards de dollars. Ce n’est plus l’investissement en soi qui génère du profit, mais de multiples achats et reventes – où des marges minuscules se traduisent par des bénéfices démesurés. Ponctuée de nombreux témoignages de traders et de spécialistes de l’économie, une plongée vertigineuse au cœur d’une facette méconnue de la finance.