« Il est impossible de respecter les règles de distanciation sociale dans les transports publics »
28 avr. 2020 – Les directions de la SNCF et de la RATP ont annoncé l’obligation du port du masque et des règles de distanciation sociale dans les transports en commun. Comment le déconfinement va-t-il s’organiser ? Fabien Villedieu, conducteur sur la ligne D du RER et syndicaliste SUD Rail est l’invité de #LaMidinale. www.regards.fr
Sur la reprise des transports publics « Les gens se remettent à sortir depuis le discours de Macron du 13 avril. C’est ce que je constate sur la ligne D du RER et ce phénomène va s’accentuer à partir du 11 mai. » « Il est impossible de respecter les règles de distanciation sociale dans les transports publics. » « Il suffit d’avoir été une fois dans sa vie dans le métro ou dans les transports en Ile-de-France pour savoir qu’il est impossible de concilier port du masque et règles de distanciation sociale. » « Le vrai masque qu’il faudrait, c’est le masque FFP2 et le peu qu’il y a, est réservé au corps médical. »
« Les directions de la SNCF et de la RATP envisagent une verbalisation par les agents pour non respect des gestes barrières. » « Pour l’instant, on est suffisamment fourni en masques et en gels mais on est en service réduit. À la SNCF, il y a 7% des TGV qui circulent et 27% des transiliens. Il y a 15.000 cheminots qui travaillent tous les jours pour faire circuler 3.000 trains. » « À partir du 11 mai, on va passer de 15.000 à 50.000 cheminots rapidement. Donc les besoins en termes de masques et de gels ne seront pas les mêmes. »
Sur le 11 mai « Je suis partagé sur ce déconfinement : je ne suis ni ministre, ni médecin et, dans le même temps, j’ai l’impression d’être privé de liberté. Pour autant, je ne veux pas tomber malade. » « Ce qui est important, c’est que cette reprise se fasse en corrélation avec la santé des salariés. Aujourd’hui, c’est le cas. Mais demain quand on sera trois, voire quatre fois plus à travailler, est-ce que les conditions seront réunies ? » « On n’enverra pas les mecs à la mort donc si on se rend compte que les conditions de sécurité ne sont pas réunies, on posera des droits de retrait. » « Je suis incapable de dire ce qu’on fera le 11 mai. On va voir et on met la pression à notre direction pour qu’on puisse reprendre le travail dans de bonnes conditions. » « Aujourd’hui, on n’est pas sur l’idée d’une grève. » « Je ne suis pas sur une position où je dis qu’il ne faut pas aller bosser. Je le dis d’autant plus tranquillement que j’ai bossé tout au long du confinement. Je crois au service public. Par contre, on n’envoie pas les mecs au charbon et il faut que les conditions sanitaires (gels, masques) soient réunies pour la reprise du travail. Si ça n’est pas le cas, il y aura des droits de retrait. » « J’ai demandé à mon syndicat de ne pas être permanent au mois d’avril pour aller conduire des trains et assurer la continuité du service public. »
Sur l’impact et économique et social à la SNCF « Je suis de nature optimiste : pour moi, cette situation, c’est le grand retour des services publics et des fonctionnaires. » « Il y a un an, comme cheminot, tu étais vu comme un naze, il fallait être startuper. Mais aujourd’hui, on est des winners. » « Je n’ai jamais réussi à faire comprendre ce qu’était le salaire socialisé. Aujourd’hui, tout le monde le comprend. » « Le gouvernement va quand même essayer de nous faire payer la crise. Nous, on va essayer de faire payer la crise aux banques et aux capitalistes. Il faudra mener la bataille. Et dans cette bataille-là, on a des vrais arguments. »
Sur le 1er mai « Il y a des manifestations qui seront organisées sur Internet et les réseaux sociaux. » « Je fais le pari qu’on gagné sur la réforme des retraites. » « On est en meilleur position pour pouvoir gagner les prochaines batailles. »