“Nous ne sommes plus en démocratie” Corinne Gobin pour des parlements tirés au sort
23 juin 2017 – Corinne Gobin est politologue à l’Université Libre de Bruxelles. Extrait de “l’Union Européenne et la Belgique | Formations Attac Bruxelles 2” youtu.be/t1WwMey9WV4?t=1… —–
Retranscription : « Je suis personnellement opposée à la création d’une caste politique professionnelle. Je pense que la fonction politique doit être prise en charge par tout le monde. Et par exemple, je suis tout à fait pour la dynamique d’énormes parlements nationaux, avec des parlements intermédiaires à d’autres niveaux de pouvoir : ça peut être régional, communal… C’est-à-dire que la fonction parlementaire, tout ce caractère délibératif et de l’importance du débat, doit être mis en avant. On n’est quasiment plus dans des systèmes de type parlementaire, on est vraiment dans des systèmes de type exécutif : c’est le pouvoir exécutif et judiciaire qui se partage le pouvoir. Et donc, au contraire, il faudrait recréer une tout à fait autre et nouvelle dynamique parlementaire et, pour moi, basée sur le tirage au sort avec des parlements de 1 000 personnes, de 2 000 personnes. c’est là que tout le travail politique doit être fait et c’est tout le monde qui doit l’assumer, notamment par cette idée de tirage au sort. Et quand on me dit qu’ « on va mettre au pouvoir des personnes qui ne sont pas capables de faire… » et bien ils vont apprendre : il y a plein de dispositifs qui peuvent être mis en place pour que les gens apprennent. – Ils peuvent avoir des technocrates à leur service. – Oui. Alors, quand on voit comment aux ministres, on attribue des compétences sur lesquels ils n’ont jamais travaillés de leur vie, je ne vois pas comment on peut faire état de cela comme obstruction. Parce que c’est tout à fait ce qui se passe, de manière non-contrôlé et tout-à-fait aux mains de quelques individus. Là au moins ça serait très collectif, très général, très large. On pourrait mettre en place – comme ça existe déjà – des assistants parlementaires, tout un système d’apprentissage pour que tout le monde puisse assumer et intégrer les dynamiques d’apprentissage collectif de fabriquer ensemble la loi. Il n’y a rien de plus dangereux qu’un pouvoir politique, c’est évident. Un pouvoir politique, on lui donne une liberté d’agir et on lui donne cette liberté de faire plier l’intérêt particulier contre l’intérêt général. C’est l’intérêt général qui prend le pas. Dès lors c’est un pouvoir phénoménal. Dès lors il faut mettre en place vraiment beaucoup de contre-pouvoirs. Donc c’est pour ça qu’il faut réfléchir à d’autres types de sociétés à la fois où le pouvoir est très largement partagé avec de grands parlements qui se renouvellent, tirés au sort très fréquemment, mais où on met aussi toute une dynamique de contre-pouvoirs pour contrôler le pouvoir. – Et une presse qui fait son boulot. – Et notamment, un contre-pouvoir qui n’existe plus aujourd’hui en Belgique : c’est pouvoir avoir une presse libre. C’est plus du tout le cas : on n’a plus du tout de presse libre. Vous avez compris que je considère, du moins depuis le vote du « Six pack », on n’est plus en démocratie. Pour moi c’est claire : on n’est plus en démocratie. Le mode de gouvernement est vraiment technocratique, on revient à une forme aristocratique du pouvoir où il n’y a plus qu’une tout petite caste qui se donne le pouvoir d’interpréter le monde. Or, pour moi, les juges à la cours se donnent ce pouvoir d’interpréter le monde dans des dynamiques qui sont contraires à ce qui avait été institué par nos philosophes qui avaient essayés de réfléchir à une société de contrôle démocratique. Je fais référence à Montesquieu, à “l’Esprit des Lois”, aux fameuses indépendances et contre-pouvoirs. L’Europe ne c’est pas du tout construite comme ça, à aucun moment on a été dans un système de contre-pouvoir où une institution était indépendante de l’autre, au contraire, on est dans cette logique de confusion et de collusion. On est toujours à la fois juge et parti, et donc ça rend – vraiment – le pouvoir politique extrêmement confus. Et dès lors, ça donne à quelques personnes un pouvoir phénoménal ! »
—– Parce que ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir : c’est au peuple d’écrire sa constitution www.le-message.org/ Notre régime actuel n’est pas du tout une démocratie mais une oligarchie ploutocratique (le pouvoir des plus riches).
Argumentation ici : lavraiedemocratie.fr/ Les Gentils Virus : pour réfléchir et propager le Message de la vraie démocratie gentilsvirus.org/