Antonio Fonseca (FSGT) : « Le gouvernement privatise le service public du sport. »
La semaine dernière, la ministre des sports, Roxana Maracineanu, a reçu une lettre ouverte signée par plus de 1000 agents du ministère. La réforme des Conseillers Techniques Sportifs (CTS) est au coeur de la grogne. Plus de 40 fédérations sportives s’alarment. Antonio Fonseca, membre de la direction fédérale collégiale de la FSGT (Fédération Sportive et Gymnique du Travail) est l’invité de #LaMidinale.
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VERBATIM
Sur les conseillers techniques sportifs (CTS) « Les Conseillers Techniques Sportifs (CTS) existent depuis les années 60. C’est Maurice Herzog qui – avec le soutien du Général de Gaulle et suite aux mauvais résultats de l’équipe olympique au Japon – a décidé de lancer un programme de rénovation de la préparation olympique de l’équipe de France. » « Il y a 1600 CTS aujourd’hui et ils jouent un double rôle : pour les fédérations olympiques, ils jouent avant tout un rôle sur le haut niveau, notamment de préparation des équipes olympiques.
Pour les fédérations de culture sportive, ils jouent un rôle dans la formation des cadres, des sportifs et dans la structuration territoriale en aidant par exemple certains comités à mieux se structurer, à développer des activités qui ne sont pas implantés sur les territoires ou à innover sur la pratique sportive. »
Sur la réforme du gouvernement « Les CTS sont cadres de la fonction publique et sont détachés auprès des fédérations sportives. Ils ont le statut de fonctionnaire. » « L’idée du gouvernement c’est de transférer les CTS vers les fédérations en se désengageant de leur formation et de leur continuité. » « La question qui se pose c’est celle de l’avenir de la mission des CTS, de leur statut et de l’avenir des fédérations sportives. » « On privatise le service public du sport. » « Les fédérations qui ont décidé de s’engager en tant que pilote dans la nouvelle configuration du CNDS ont vu leurs moyens baisser de 10%, alors qu’on leur avait promis qu’au minimum leurs budgets seraient garantis, voire augmentés. » Sur les inégalités « Il y a une grosse différence entre les fédérations qui ont des missions olympiques et les autres qui sont tournées vers le sport pour tous. Il y a un déséquilibre immense. » « Les gros moyens, et notamment les moyens des CTS, sont mis sur les fédérations olympiques et pas sur les fédérations multisports. »
Sur le service public du sport « Ce qu’on redoute c’est que ce projet s’inscrive dans une logique de mise à mal et de mise à fin du service public du sport. » « Certains pensent que le sport n’est pas une priorité et l’idée c’est qu’on commence par le sport pour ensuite poursuivre sur d’autres champs. » Sur la mobilisation des fédérations « Nous avons tenté que le CNOSF (Comité National Olympique Sportif Français) se prononce sur le projet de réforme du gouvernement et pour l’instant il y a un silence du CNOSF. » « Il y a une montée en puissance des luttes. » « On n’est pas contre la transformation, ça dépend de quelle transformation. » Sur la concertation avec les fédérations « Les moyens dédiés au sport ont baissé. » « Nous qui sommes sur le terrain, nous voyons bien qu’il y a une volonté d’imposer plus que de consulter. » Sur les Jeux Olympiques de 2024 « Le message avec la réforme des CTS est un message très négatif dans la perspective des JO de 2024.
« La situation qu’on met en place avec les CTS créé beaucoup d’inquiétude sur l’avenir et sur la manière dont on construit la France sportive dans les années à venir. » « Ce qu’on ressent, c’est qu’il y a une volonté d’ouvrir des espaces aux marchés – le marché du sport ne s’est jamais aussi bien porté qu’aujourd’hui – et on voit bien qu’il y a beaucoup d’acteurs privés qui s’y mettent et qui sont très entendus par le gouvernement. » Sur la vision politique du sport de la ministre « Il y a un temps d’apprentissage. » « L’annonce sur les CTS a été faite quelques jours après que la ministre a été nommée, ce qui montre qu’elle a été mise face à un fait accompli. » « Les Jeux Olympiques ne sont pas traités par le ministère des sports, ils sont traités en direct de l’Elysée par un conseiller du président de la République. » « Le budget du ministère des sports est ridicule et se situe autour de 0,12% du budget de l’Etat. »