Le cauchemar de Darwin
S’il existe un film qui témoigne de la monstruosité de l’homme et de nos systèmes, c’est bien celui-ci. Vous ne serez plus jamais pareil près avoir vu ce reportage.
Le Cauchemar de Darwin (Darwin’s Nightmare) est un film documentaire coproduit par la France, l’Autriche, la Belgique, le Canada, la Finlande et la Suède réalisé par Hubert Sauper, sorti en 2004 et en salles en France le 2 mars 2005.
Le documentaire prend pour argument de départ les trafics autour de l’aéroport de Mwanza, en Tanzanie, sur les bords du lac Victoria, mais, selon Hubert Sauper, ce n’est pas un film sur le lac Victoria, et encore moins sur un poisson, mais un film contre la mondialisation et ses conséquences.
Un poisson introduit dans les années 1960, la perche du Nil (Lates niloticus) a remplacé une grande partie des 200 espèces différentes de poissons endémiques (entraînant une modification du biotope et l’extinction de nombreuses espèces) et son commerce, devenu florissant, alimente depuis près de vingt ans les tables et les restaurants des pays du Nord, avec des exportations qui peuvent dépasser 500 tonnes de filets de poissons par jour. La perche est préparée sur place dans des usines financées aussi par des organisations internationales et 40 % de la production reste pour nourrir la population locale, en lieu et place des petits poissons locaux plus faciles à conserver. Autour de cette exportation massive se développent tous les trafics liés à une urbanisation intense et brutale (usines de traitement) : prostitution, sida, violences diverses. L’auteur suggère que les avions cargo (russes ou ukrainiens) ne reviennent pas à vide et alimentent le trafic d’armes à destination de la région des Grands Lacs. L’affiche du film souligne cette hypothèse en figurant la silhouette d’une kalachnikov avec une arête de poisson.