Les ultra-riches à l’assaut du pouvoir
6 juin 2025 #trump #musk #pouvoir
Elon Musk, Jeff Bezos ou Mark Zuckerberg sont à la tête d’empires technologiques et médiatiques, et gravitent dans l’orbite du président américain Donald Trump. Une nouvelle génération d’ultra-riches en quête de pouvoir.
Invitée : Laura Bullon-Cassis, chercheuse au Centre Albert Hirschman sur la démocratie (IHEID)
Présentation : Raphaël Grand
00:00 Les nouveaux oligarques
01:47 Aux Etats-Unis, ces milliardaires proches du président américain Donald Trump
05:48 Laura Bullon-Cassis: “Des milliardaires de la tech s’emparent de pouvoirs politiques”
10:28 Les Emirats arabes unis, l’une des destinations privilégiées par les oligarques russes après la guerre en Ukraine
13:06 Laura Bullon-Cassis: “On est à un niveau d’inégalités le plus élevé depuis 100 ans”
17:37 En Chine, en Arabie Saoudite ou en Russie, ces oligarques remis au pas
20:33 Laura Bullon-Cassis: “Les démocraties ont mis en place des systèmes de contrôle”
24:35 En 2012, Facebook fait son entrée à la bourse de New York
Ils sont là aux premières loges, lorsque Donald Trump est investi président. Tim Cook (Apple), Sundar Pichai (Google) et les trois PDG les plus riches du monde – Mark Zuckerberg (Meta), Jeff Bezos (Amazon, Blue Origin) et Elon Musk (SpaceX, Tesla, X) – sont même placés un rang devant les futurs membres du gouvernement lors de la cérémonie au Capitole. Le patron français Bernard Arnaud (LVMH), qualifié de “très bon ami”, est aussi dans le carré réservé d’ordinaire aux personnalités politiques.
Ces milliardaires au coeur du pouvoir américain illustrent les liens de plus en plus étroits tissés entre les hommes les plus fortunés de la planète et le président de la première puissance mondiale. “On sait que l’argent a de l’influence en politique aux Etats-Unis depuis longtemps, dans le financement des campagnes, dans les lobbys. Mais ce qui est nouveau, c’est qu’aujourd’hui on voit des milliardaires de la tech qui s’emparent de pouvoirs politiques”, commente Laura Bullon-Cassis, chercheuse au Centre Albert Hirschman sur la démocratie à Genève (IHEID).
Pouvoir “direct et indirect”
Ce pouvoir politique, “se décline de deux manières différentes”, précise Laura Bullon-Cassis. “Il y a un pouvoir direct. Le cas exemplaire, c’est Elon Musk. Et puis, il y a toute une influence plus indirecte à travers le contrôle de l’information. On voit Bezos avec le Washington Post. On voit Meta avec les réseaux sociaux. C’est un pouvoir très insidieux finalement, parce qu’il se base sur la récolte de données et la connaissance de nos comportements. On a plus de mal à le comprendre et à le cerner”, poursuit la chercheuse.
Le duo Musk-Trump est inséparable durant la campagne présidentielle de 2024. Elon Musk accompagne le futur président en meeting, apporte un soutien financier de plusieurs centaines de millions de dollars et toute l’influence de son réseau social X. A peine entré à la Maison Blanche, Donald Trump confie au milliardaire la tête d’une commission pour l’efficacité gouvernementale (DOGE), chargée de couper dans les dépenses publiques. En trois mois, il diminue drastiquement les subventions fédérales et supprime des milliers de postes de fonctionnaires.
Même si l’entente entre les deux hommes semble vaciller ces dernières semaines, lorsque Donald Trump va conclure ce printemps un partenariat record avec l’Arabie saoudite, Elon Musk fait partie du voyage.
Motivations variables
Les motivations qui poussent ces grands patrons américains à se rapprocher de Washington varient fortement d’un profil à l’autre, explique Laura Bullon-Cassis. “Quand on regarde un Peter Thiel [co-fondateur de PayPal] par exemple, qui a financé la campagne de Trump ou un Musk. Tous les deux ont des discours très clairement libertariens, avec un côté autoritaire aussi. Là, on voit vraiment un aspect idéologique qui rentre en compte. Pour les autres, c’est moins clair, il y a des revirements de situations, comme Zuckerberg. (…) Là je pense qu’il s’agit plus d’opportunisme.”
Depuis le début de l’année, le patron de Meta Mark Zuckerberg s’aligne sur une politique plus en phase avec le nouveau président, alors que son groupe l’avait banni de Facebook et Instagram après l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. “Ce qu’ils ont vraiment en commun, c’est qu’ils prônent l’idée que la technologie est vraiment le moteur de la société, qu’il ne faut pas la réguler ou peu la réguler”, relève la chercheuse.
Une ambition de dérégulation de l’économie partagée aussi par Jeff Bezos. Le patron d’Amazon multiplie également les gestes de déférence, après plusieurs années de tensions.
Le site de Géopolitis : www.rts.ch/emissions/geo…
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