Baztille
Mouvement, parti, application, Baztille c’est quoi ? baztille.org existe depuis 2016
Baztille, c’est d’abord un mouvement de citoyens qui veut changer la démocratie, en partant d’un constat simple : lors de chaque élection, les électeurs confient leur pouvoir à des élus qui décident ensuite à leur place. Une fois qu’ils sont élus, plus de contrôle, ni de sanction, ni de renvoi. Baztille propose de reprendre la main, en posant chaque jour aux citoyens une seule question, qui concerne leur ville, leur région, ou leur pays. Les arguments sont consultables et les membres peuvent voter pour les meilleures propositions. Un engagement citoyen rapide, qui ne prendrait que quelques minutes par jours. Lors des élections, les candidats de Baztille s’engagent à respecter une seule et unique promesse : appliquer les décisions des membres à la lettre, pour que le contrôle et le dialogue avec les élus ne s’arrête pas le soir du vote. Pas de bureau politique, pas de comité national, de section d’arrondissement ou de mouvement jeune. Les fondateurs de Baztille revendiquent une organisation horizontale où chaque voix compte. Toutefois, lors des échéances électorales, les candidats de Baztille seront désignés, dans chaque territoire, par un vote des citoyens sur le site et l’application. « Avec Baztille, vous prenez chaque jour une décision pour votre pays, votre région ou votre ville. Ensuite les élus Baztille appliquent vos décisions. Ne laissez plus personne décider à votre place : reprenez le pouvoir ! ». Proposition séduisante.
Le mouvement se structure autour de trois principes fondamentaux.
Les membres de Baztille sont consultés chaque jour ou chaque semaine, afin d’arrêter les décisions issues du vote. Deuxièmement, ces décisions ne sont pas limitées à une thématique ou un domaine précis, elles peuvent aussi bien concerner la politique locale, l’action citoyenne que l’organisation interne du mouvement. Enfin, aucune décision ne peut être portée ou défendue au nom du mouvement si elle entre en contradiction ou si elle n’est pas issue d’un vote des membres de Baztille.
Plus qu’une interface, Baztille assume donc son ambition d’être un parti politique qui présentera ses candidats aux prochaines échéances électorales. Mais contrairement aux partis classiques, Baztille ne se revendique ni de droite, ni de gauche, le mouvement« n’a pas d’idéologie, est simple d’accès et vous pouvez rejoindre Baztille quelles que soient vos idées. Les élus Baztille sont uniquement là pour relayer vos décisions, que vous exprimez à l’aide du site et de l’application mobile Baztille », comme le rappelle Grégory Isabelli, chargé du concept et du développement du mouvement. Et c’est peut-être cette neutralité confortable qui fragilise le concept. Sans positionnement idéologique fort, comment rassembler, fédérer et mobiliser ?
La proximité et les enjeux directs du quotidien sont au cœur de la dynamique de Baztille.
Une vision nouvelle d’une politique, forgée par une méfiance du pouvoir central, des élites et un retour aux actions de proximité, associatives, à dimension plus humaine. Pas de promesses illusoires donc, « ce sont les solutions que vous proposez, débattez et votez avec les autres membres du mouvement » affirme le site. Aux espoirs déçus des partis, les utilisateurs préféreront sans doute la fiabilité moins glamour mais plus réaliste d’une boite à outils citoyenne, autoproduite. Quant au clivage partisan au sein des membres, les responsables de Baztille y voient une occasion de faire grandir le mouvement, en stimulant le débat « Baztille regroupe des citoyens de toutes opinions, ce qui peut parfois aboutir au vote de positions dites « de droite », parfois de positions dites « de gauche » (…), si vous pensez que les votes ne représentent pas assez vos idées, nous vous encourageons à recruter de nouveaux membres qui vont venir défendre vos idées avec vous ! ».
D’un point de vue constitutionnel, un élu de Baztille reste un élu comme les autres.
En démocratie comme ailleurs, l’innovation a ses limites. Aussi, un élu Baztille ne pourrait pas être révoqué en cours de mandat. Et si rien n’oblige les élus du mouvement à respecter les votes des membres de la plateforme, la fronde est un peu plus complexe que dans un parti classique. En effet, on voit difficilement comment un élu pourrait assumer son mandat en trahissant son unique engagement de campagne, à savoir, le « respect des positions de votes des membres du mouvement ».
En définitive, comme tous les autres partis politiques, Baztille fait le pari de la confiance, et de l’espoir. Dès lors pourquoi s’encombrer d’une plateforme ou d’une application ? Sans doute afin de rythmer la vie citoyenne par des mini-consultations quotidiennes ou hebdomadaires. Un vote, un jour, jusqu’à la saturation ? À en croire les responsables du mouvement, pas vraiment. Les citoyens sont demandeurs de ces consultations fréquentes, pour exprimer leurs avis sur la gestion de leur commune, de leur région ou des politiques nationales… Quant à l’équipe de Baztille, elle ne compte ni anciens élus, ni apparatchiks, mais des profils issus du monde de l’entreprenariat web. Leur point commun : une vision des partis politiques qu’ils ne jugent plus adaptés à l’engagement citoyen contemporain.
L’application en open source prône la transparence.
Les données du site sont publiques depuis le lancement officiel de l’application. Pour les responsables de la plateforme, il en va d’une nécessité et d’un devoir éthique. Pas question que l’on accuse Baztille de falsifier des informations relatives aux votes des usagers. Pour l’heure, tout le monde peut voir qui sont les membres qui prennent part au vote et ainsi vérifier que sa voix a bien été prise en compte. Baztille veille également à préserver d’une part l’anonymat du vote et d’autre part, la possibilité de permettre à tout un chacun de vérifier qu’il n’y a pas de « faux électeurs ». Dans un premier temps, les résultats des votes seront indicatifs. Mais pour les prochaines grandes échéances électorales, la plateforme espère réunir assez d’adhérents pour peser dans le débat citoyen. Comme tous les partis politiques et toutes les associations politiques, le mouvement s’engagera alors à vérifier les identités de ses membres, condition impérative pour afficher des résultats officiels et définitifs. Au-delà de l’épiphénomène, Baztille s’inscrit dans un mouvement de fond, pour une « mise à jour » de la démocratie que Pia Mancini, co-fondatrice de DemocracyOs appelait de ses vœux « pour transformer notre système politique, sans le pervertir, ni le détruire mais en le connectant aux outils qu’Internet nous offre aujourd’hui ».
Source : www.trop-libre.fr/baztil…