Acte 19 Gilets Jaunes à Rouen malgré l’interdiction de la préfecture de Seine-Maritime
26 févr. 2019 – Je voudrais adresser un message d’encouragement à tous mes amis Gj, j’allais dire mes frères et sœurs dans la lutte. Ça pourrait vous paraitre un peu exagéré mais sincèrement, lorsque je suis en manif, personnellement c’est ce que je ressens. Nous avons vraiment retrouvé une fraternité qui faisait défaut. Ce message d’encouragement vient après 100 jours de mobilisation. C’est long, nous avons passé l’hiver malgré beaucoup de pronostics et contre les attentes des malveillants. C’est long parce que face à l’urgence, il y a l’impatience. C’est long parce que la taille du projet est immense. Faire naitre une démocratie est un véritable accouchement et vous l’avez constaté, pas sans douleur. C’est long parce qu’après la fraternité nous voulons retrouver la liberté de décider de notre avenir, nous voulons plus d’égalité sociale, plus d’égalité fiscale. Ce qui se passe depuis le 17 Novembre est historique. Personnellement, je souhaite ardemment ce réveil depuis plus de 35 ans c’est-à-dire depuis que j’ai une conscience politique. Je me sentais assez isolé, je militais dans mon petit coin avec l’impression de prêcher dans le désert. Imaginez comme je piaffe aussi dans l’écurie. Soyez persévèrent. Maintenant, Je passe au minimum 8 heures par jour à suivre des conférences, à compulser des documents, des livres, à distribuer des tracts, à parcourir des forums, à militer, à manifester, à écrire des textes, à faire des petites vidéos. Mais je ne me décourage pas. Je peux vous le dire aujourd’hui, j’ai retrouvé l’espoir, j’ai retrouvé la fierté d’être français. Je reviens de loin, je finissais par considérer que l’humain était la pire race sur Terre ou le plus détestable des virus. Pourtant avec ce mouvement, un signal fort a été lancé. Je me suis rendu compte que beaucoup étaient en fait dans l’attente plus ou moins passive de ce réveil collectif. Nous nous sommes reconnus et nous avons pris conscience d’être une multitude. C’est déjà une grande victoire. Alors oui, sans surprise, les critiques fusent de l’extérieur. Malhonnêtes de la part de ceux qui ont le pouvoir, contre le bien commun pour défendre des intérêts personnels. D’autres critiques compréhensibles sont émises par ceux qui ont été gênés voire pénalisés parce qu’ils n’ont pas compris que ce combat est aussi le leur avec de nécessaires sacrifices. Mais ce que je déplore le plus ce sont les critiques de l’intérieur. « On n’avance pas, on devrait plutôt faire ci, plutôt faire ça ». C’est légitime, chacun a ses idées sur la stratégie et les exprime. Le géant qu’il faut abattre est tellement puissant, on ne le voit pas encore trop vaciller, on ne sait pas par quel bout l’attaquer, c’est normal. A ceux-là je voudrais dire que c’est un travail de sape qui montre déjà des signes. Des doutes émergent dans les rangs des forces de l’ordre, nous nous structurons, la vérité finit par filtrer même dans des médias hostiles. A tous je voudrais dire que la première bataille à remporter est celle de l’opinion et qu’il y a encore du chemin. Comme certains, Je serais tenté de renverser la table mais je suis convaincu que tous ceux qui nous sont favorables mais trop timorés pour descendre dans la rue ne nous suivront pas dans une telle démarche. Tout en continuant à être visibles, il nous faut trouver la façon de remporter une adhésion plus forte et placer le pouvoir dans la situation de devoir arrêter la mer avec les mains. Il nous faut conjointement trouver les bons leviers pour contraindre les puissances d’argent. C’est long, c’est désordonné. Voyez-y du charme, celui de la spontanéité. Nous ne sommes pas une armée organisée mais ça avance. Nous avons déjà lancé une première journée de grève pour faire germer l’idée. Dites-vous bien qu’une grève générale ne se décrète pas, elle se construit. Ce moyen de pression efficace est historiquement plus propice au printemps qui approche à grands pas. Il faut tenir dans ce laps de temps. Pratiquez le boycott, le changement radical de mode de consommation et sa réduction, les blocages gênants pour une certaine économie. Il est crucial de militer activement autour de vous pour que les jours décisifs qui viendront deviennent une évidence pour tous. A mon avis, Il faut aussi reconquérir les ronds-points pour se remettre au contact de la population locale, remobiliser ceux qui ne se rendent pas dans les grandes villes. Restons unis, passons sur les petites dissensions inévitables, gardons comme unique objectif l’établissement de la démocratie. Cela fait 25 siècles que cela n’existe pas réellement sur Terre. Imaginez que nous français nous y parvenions, nous pourrions changer le monde. Si vous réalisez l’ampleur du chantier alors vous devez comprendre que ça n’est pas l’affaire d’un jour comme de cent. Pas question de retourner à nos vies d’avant. Reprenons notre pouvoir afin de ne plus devoir quémander au prince tous les 4 matins. Maintenant nous sommes libres par l’esprit. Il n’y a qu’une seule issue, la victoire. Tenez la ligne.