2022 : LE BLOC BOURGEOIS S’ORGANISE, LE BLOC DE GAUCHE SE CONSTRUIT
25 mai 2021 – “Le problème de la police, c’est la justice !” lance Fabien Vanhemelryck, le patron du syndicat Alliance, lors du rassemblement du 19 mai devant l’Assemblée nationale. Ce rassemblement n’était pas une marche blanche citoyenne en mémoire des policiers tués, mais bien plutôt une tribune de revendication animée par des syndicats de police. Postures et revendications d’extrême droite étaient donc affichées, en présence du ministre de l’Intérieur, de représentants de partis et de personnalités de droite et d’extrême droite.
Mais aussi en présence… de représentants de partis de gauche et candidats ou potentiels candidats à la présidentielle : A. Hidalgo, Y. Jadot, O. Faure, F. Roussel. Venus là faire quoi, on ne sait pas très bien. Soutenir les policiers ? Montrer qu’ils ne sont pas laxistes sur la sécurité ? Valider l’emballement sécuritaire du pouvoir, de l’extrême droite, et des syndicats de police ? Même après les tentatives d’explication des personnalités de gauche, on ne peut que s’interroger sur cette quasi unanimité, et plus largement, sur l’état du paysage politique à un an de la présidentielle Retour en 2017 : la stratégie électorale de Macron est une réussite.
Il observe un double phénomène : à droite, la fraction des classes supérieures qui soutenait le programme néolibéral de Jupé rechignent à voter Fillon ; et à gauche, une fraction des classes supérieures veut poursuivre la ligne néolibérale de Hollande. C’est la formation du bloc bourgeois. Et c’est sur cette vague que Macron a l’idée de surfer. Autour des classes privilégiées (cadres supérieurs, dirigeants d’entreprises), numériquement très minoritaires mais directement favorisées par son programme, Macron attire donc dans un bloc bourgeois une partie des classes moyennes séduites par le deal qu’il leur propose : flexibiliser le marché du travail, “moderniser” le capitalisme français pour favoriser leur ascension sociale par le mérite individuel.
J’emprunte l’expression “bloc bourgeois” aux économistes Bruno Amable et Stefano Palombarini, comme je l’ai expliqué dans ce précédent épisode d’On Sort Les Dossiers. Alors qu’historiquement les blocs de gauche et de droite faisaient chacun coexister des classes supérieures et des classes populaires, le bloc bourgeois se détache complètement des classes populaires. Si bien que dès les premières mesures du quinquennat Macron, un mouvement social éclate. Tout ce qui n’est pas classe privilégiée se soulève, colère qui va culminer avec les Gilets jaunes, coalition de classes populaires ne trouvait ni à gauche ni à droite la représentation politique en mesure de défendre ses intérêts. On a alors cru qu’on assistait à la naissance d’un bloc populaire, en miroir du bloc bourgeois.
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