Gazage et arrestations en fin de la manifestation pacifique contre la répression policière à St-Étienne.
L’ENFER À FAURIEL
Témoignage d’une envoyée du Gueuloir.
Samedi dernier l’une de nos envoyées s’est rendue sur place munie d’une caméra, elle s’est retrouvée prise dans la nasse avenue de la Libération face au Lycée Fauriel et a fini en GAV. Heureusement, elle a été relâchée dimanche en début d’après-midi.
« Des hordes de CRS, une pluie de gaz lacrymogène, l’étouffement, l’aveuglement, la peur, la détresse… Voilà ce qu’on a vécu avec ma collègue ce samedi 12 lors de la manifestation. Des tas de gens se sont retrouvés à suffoquer au même endroit, coincés, essayant tant bien que mal de trouver une sortie qui n’existait pas, certains crachaient du sang, d’autres vomissaient, c’était terrible, c’était l’enfer. J’ai bien cru mourir asphyxiée, alors que je portais un masque.
J’ai ensuite été poussée par la foule jusqu’à la ligne de CRS où je me suis fait violemment attrapée par le sac, alors que je levais les mains de manière pacifiste. Le CRS m’a gueulé d’enlever mon casque, pendant qu’un autre arrachait la caméra de ma collègue avant de la jeter au sol et de la menacer avec un flash-ball. La réplique de son agresseur en armure : « Tu coopères ou je te fume » lui a glacé le sang.
Tout autour de nous des gens se faisaient attraper et violenter. J’ai vu un gamin en sang reprendre ses esprits un peu plus loin. S’était-il vraiment fracassé le crâne contre un mur après avoir été pris dans la cohue comme le prétendait les forces de l’ordre, ou lui avait-on tiré dessus ? Impossible de le savoir.
En GAV on nous a dit que porter des accessoires de protection (comme des masques, des casques ou des lunettes) signifiait qu’on était forcément coupables. Qu’il n’y avait aucune autre raison de se munir de tout ce matériel. Si vous aviez l’audace de leur faire remarquer que c’était seulement pour vous protéger, ils répondaient qu’il n’y avait rien à craindre en manif. Rien à craindre bien sûr ! Allez dire ça au gars qui s’est pris un éclat de grenade de 10 cm dans la tête, à ceux qui se sont fait arracher la main ou éclater à coup de flash-ball !
En GAV on s’est retrouvées avec plein de manifestants, mais aussi avec des gens qui s’était fait interpeller avant d’avoir pu se rendre à la mobilisation. Un panel très éclectique où se côtoyaient des hommes et des femmes de tout âge, gilets jaunes, étudiants et lycéens.
Certains sont restés pratiquement 24h sans sortir, détenus dans des conditions déplorables, logés les uns sur les autres dans des cellules où une policière a déclaré qu’elle « n’y ferait même pas dormir son chien ». Seul réconfort, le fait de se savoir tous ensemble. Je me souviendrai toujours de ce petit sifflotement aux airs d’« on va tout casser chez toi » qui résonnait fièrement entre ces murs froids. »
Ce nassage était ultra violent et complètement disproportionné par rapport à ce qui s’était passé, les manifestants n’avaient même pas balancé de projectiles ! Maintenant les forces de l’ordre n’attendent même plus d’avoir une raison pour frapper, ils frappent juste, vite et bien et embarquent tout le monde pour faire des exemples et calmer la contestation.
Ils n’ont pas compris que toutes ces injustices ne faisaient qu’aiguiser la colère des manifestants et renforcer leur détermination. Car si l’on peut se faire prendre en ne faisant rien, autant faire quelque chose !
D’autant que toutes ces arrestations ne mènent nulle part, la police est surchargée, elle n’arrive plus à gérer tous ces dossiers. Un certain nombre d’interpelés se font relâcher sans jugement. Et qu’est-ce qu’ils vont faire au final ? Enfermer tous les Français ? Les flics eux-mêmes reconnaissent que c’est ridicule.
Ce qu’on a vu là, ce n’est qu’un avant-goût de la répression 2.0 qu’est en train de concocter le gouvernement et dont Edouard Philippe nous a livré un aperçu.
La question qui me taraude c’est jusqu’où les Français sont-ils prêts à tolérer un maintien de l’ordre aussi brutal au nom de la démocratie ? N’y a-t-il pas là une contradiction ? À partir du moment où le maintien de l’ordre bafoue les droits des citoyens et les réprime lorsqu’ils essaient de les faire valoir, peut-on vraiment parler de démocratie ? En tout cas, ce samedi nous n’en n’avons vu aucune trace.
Soutien à tous ceux qui vont passer en procès, ils peuvent nous réprimer mais ils ne nous feront pas taire !
Max et Lili
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