Retraites: un défilé le samedi, en famille ou entre amis et pour ceux qui ne peuvent faire grève
11 févr. 2023 PARIS- Ils ont profité des manifestations organisées samedi partout en France pour défiler sans avoir à poser un jour de grève ou pour battre le pavé en famille. L’Humanité les a rejoint dans le cortège parisien. “Je trouve ça positif que nous puissions revenir à nouveau manifester en famille car dans la dernière période, ce n’était vraiment pas évident.” “Il faut tenir jusqu’à début mars et au retour des vacances il faudra que ça prenne plus d’ampleur en lien avec la journée internationale des droits des femmes le 8 mars”, affirme Fanny, venue en famille participer à cette journée de mobilisation du 11 février. Des mobilisations bien plus familiales pour cette quatrième journée d’action contre la réforme des retraites samedi, les syndicats espèrent se faire entendre enfin de l’exécutif, faute de quoi ils se disent prêts à “mettre la France à l’arrêt” le 7 mars. Avant le départ en début d’après-midi du cortège parisien – fort de 500.000 personnes, selon la CGT – les leaders des huit principaux syndicats ont confirmé leur appel à un cinquième acte le 16 février. Ils se sont aussi dits prêts “à durcir le mouvement” et à “mettre le pays à l’arrêt le 7 mars” si le gouvernement et le Parlement “restent sourds” aux mobilisations. Cette annonce “d’un durcissement le 7 mars, ça laisse un peu de temps s’ils veulent réagir”, a affirmé le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, ajoutant qu'”on n’est pas dans la logique de grève reconductible”.
Son homologue de la CGT Philippe Martinez a souligné que “la balle (était) dans le camp” de l’exécutif. Maya, élève de CM2 est également venue faire la manif avec sa maman : “Si on ne se mobilise pas maintenant, ma génération n’aura pas de retraite et on devra travailler jusqu’à notre mort. Il faut se mobiliser sinon tout le monde sera pénalisé.” Sur des pancartes dans les défilés, on pouvait lire “Macron, arrête tes calculs, on sait que tu nous plumes”, “je ne suis pas Dalida, je ne veux pas mourir sur scène” ou encore “Pour la retraite de la réforme”. “On travaille en semaine et ça nous semblait important d’être là, en communion, quel que soit l’âge et le problème c’est qu’aujourd’hui, passé un certain âge, on ne veut plus de nous.” nous a expliqué dans le cortège Isabelle, salariée indépendante dans la Communication. Les trois premières journées d’action ont réuni entre 757.000 et 1,27 million de personnes selon les autorités (entre près de deux millions et plus de 2,5 millions selon l’intersyndicale), sans infléchir l’exécutif sur la mesure-phare de la réforme, le recul de l’âge légal de départ à 64 ans.
Depuis Bruxelles, où il participait à un sommet européen, le président Emmanuel Macron avait semblé regarder ailleurs jeudi, plaidant pour que “le travail puisse se poursuivre au Parlement”, sans que la contestation “bloque (…) la vie du reste du pays”. “En ce moment, c’est un sujet central dans nos conversations d’étudiantes car c’est notre futur et nous serons les prochains. Il faut commencer maintenant à dire que nous ne sommes pas d’accord et changer les choses”, souligne Ambre, étudiante en Communication. Les syndicats soulignent au contraire le risque d’une radicalisation de la base et aussi d’une forme de “désespérance sociale” qui se traduise par un vote d’extrême droite dans les urnes. “Si le gouvernement n’entend pas (la mobilisation) c’est très grave” a jugé dans le cortège lillois Fabien Roussel (PCF).
Les syndicats réclament qu’à l’Assemblée, l’article 7, qui porte la mesure d’âge, puisse faire l’objet d’un vote. “On veut voir qui va effectivement se prononcer pour ou contre” la mesure d’âge, a déclaré Philippe Martinez (CGT), indiquant que les syndicats comptent “interpeller dès aujourd’hui” les parlementaires de l’arc républicain pour qu’ils mesurent “leur responsabilité”. Outre la journée du 16 février – où les leaders de l’intersyndicale ont prévu de manifester ensemble à Albi – et le point d’orgue du 7 mars, alors que le texte sera arrivé au Sénat, les syndicats envisagent aussi des actions pour le 8 mars, journée des droits des femmes, “pour mettre en évidence l’injustice sociale majeure de cette réforme”.
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