Thomas Porcher : « Macron a fait un chèque en blanc pour dire aux gilets jaunes de continuer. »
11 déc. 2018 – Lendemain d’allocation présidentielle, en pleine crise des gilets jaunes, l’économiste et co-fondateur de Place Publique, Thomas Porcher nous livre son regard dans #LaMidinale. www.regards.fr
VERBATIM
Lendemain d’allocation présidentielle, en pleine crise des gilets jaunes, l’économiste et co-fondateur de Place Publique, Thomas Porcher nous livre son regard dans #LaMidinale. Thomas Porcher : « Macron a fait un chèque en blanc pour dire aux gilets jaunes de continuer. »
Sur l’allocution présidentielle « Il a fait un effort pour faire un tournant un peu plus social dans son logiciel. » « Encore une fois, on ne demande aucun effort aux entreprises alors qu’elles ont déjà bénéficié de baisse de la fiscalité et du CICE qui va être gravé dans le marbre. » « Il relâche un peu sur les retraités mais il ne revalorise pas les retraites au-dessus de l’inflation. » « On est dans l’ordre de la mesurette, sans changement de cap et on est face à une crise qu’on n’a jamais connu auparavant qui mériterait des changements plus radicaux. »
Sur la crise de la démocratie « Il a dit qu’il allait faire des efforts et notamment rencontrer les maires. » « C’est contradictoire, il rencontre les maires et en même temps il retire douze milliards sur les collectivités territoriales. » « Il dit qu’il faut lutter contre l’évasion fiscale mais il va supprimer 120000 postes de fonctionnaires qui sont principalement à Bercy et aux impôts. » « Il faut que la démocratie puisse s’affirmer de plus en plus et il faut pour cela changer la Constitution, pour un recours à plus de référendums. »
Sur l’exercice du pouvoir par Macron « C’est une séquence intéressante parce qu’il y a eu de grosses manifestations contre la loi Travail ou la libéralisation de la SNCF et là, ce que disait Emmanuel Macron, c’était : ‘vous avez le droit de manifester mais je garde le cap’. » « Avec la manifestation des gilets jaunes, le président recule pour la première fois. » « Je pense que dans l’esprit de Macron, dans son esprit libéral, il pense qu’il a fait un vrai pas en avant. » « Emmanuel Macron a fait un chèque en blanc pour dire ‘continuez parce que je suis en train de reculer’ alors qu’il n’avait pas fait ça avec les syndicats. »
Sur la fiscalité « Le problème, c’est qu’Emmanuel Macron dit qu’il faut une fiscalité plus juste or là c’est tout le contraire. » « Emmanuel Macron a baissé les impôt des 1% les plus riches qui détiennent 25% du patrimoine. Il leur a offert la réforme de l’ISF sur les placements financiers. » « Il a juste fait une mesure où le SMIC augmente de 100€, financé par les contribuables et pas par les entreprises qui ont le CICE et les baisses d’impôts. » « Ce sont toujours les classes moyennes qui payent. » « Ce que l’on donne d’un côté à une main, on le retire trois fois plus de l’autre. » Sur les gilets jaunes « Il faut que la mobilisation se poursuive pacifiquement. » « Ca fait trente ans que vous avez une classe moyenne qui a subit les effets délétères de la mondialisation, du retrait de l’Etat et que Macron accélère. » « La transition écologique ne peut pas reposer que sur les classes moyennes. Les entreprises doivent prendre leur part. »
Sur Place publique « Autour des quatre urgences, sociale, économique, démocratique et écologique, il faut trouver des solutions et on invite l’ensemble des partis de gauche à se réunir le 20 décembre pour trouver des solutions à cette crise. » Sur les européennes et la division à gauche « Je me réjouis que Manon Aubry ait été désignée tête de liste de la France insoumise. » « Comment on peut ne pas créer des liens entre nous alors qu’on partage 80% des solutions ensemble ? » « Je pense qu’une liste commune – qui ferait un score énorme – serait un message très fort envoyé à Macron. » « Nos divergences sont beaucoup plus faibles que nos points de convergences. » « Ce que défendent les gilets jaunes a déjà été proposé par tous les partis de gauche depuis vingt ans. » « Si la seule différence c’est le plan B ou le revenu universel, c’est des différences mineures comparé à la crise que nos visons aujourd’hui et des réponses que nous pouvons apporter collectivement. » « Si on continue comme ça, on prépare l’arrivée de Marine Le Pen et on ne veut pas ça. »