Michèle Rubirola: “‘J’ai pris la décision de quitter mes fonctions de Maire de Marseille”
17 déc. 2020 – Point presse de Michèle Rubirola, Maire Printemps Marseillais de Marseille: “Ces épreuves ne m’empêchent pas de servir les Marseillaises et les Marseillais, mais elles limitent l’énergie que je peux mobiliser. Et au même moment, nous avons découvert l’état dans lequel notre collectivité a été abandonnée.Et c’est pour ces raisons que j’ai pris la décision de quitter mes fonctions de Maire de Marseille. Je souhaite que notre binôme (avec Benoît Payan) continue mais s’inverse, et que Benoît devienne Maire” – 15.12.2020 – Marseille, France.
“Le 4 juillet je me suis engagé à agir selon l’intérêt des Marseillaises et des Marseillais, et à leur tenir toujours un langage de vérité. Cette parole que j’ai donnée m’amène devant vous aujourd’hui. À la tête de notre équipe, j’ai mis toutes mes forces dans les batailles que nous menons, mais depuis les premiers mois de 2020, beaucoup de choses ont changé, 3 d’entre elles en particulier.
Bon, vous le savez tous, nous traversons des convulsions que personne n’aurait pu prédire ; nous affrontons une crise sanitaire violente, une crise économique brutale, et des souffrances sociales profondes.Ici, à Marseille plus qu’ailleurs, nous savons ce que ça signifie.
J’ai connu avant l’été, vous en avez beaucoup parlé, les premières difficultés liées à ma santé. J’ai dû subir à la fin du mois de septembre une intervention chirurgicale, j’ai été transparente sur ce sujet. Ces épreuves ne m’empêchent pas de servir les Marseillaises et les Marseillais, mais elles limitent l’énergie que je peux mobiliser ; elles contraignent le temps que je peux consacrer à mes missions. Être maire à Marseille, c’est 300% de son temps ; j’en donne 150. 300%, c’est pas toujours évident.
Et au même moment, nous avons découvert l’état dans lequel notre collectivité a été abandonnée. Notre ville était dans une situation financière calamiteuse, encore plus que nous ne l’avions pensé. Nos capacités d’investissement sont atrophiées. Nos finances sont exsangues. Les ressources humaines ont été administrées avec incohérence. Notre patrimoine est dégradé. C’est une situation exceptionnelle. Depuis 1945, Marseille n’a jamais été aussi près de sombrer. Nous n’avons pas de temps à perdre.
Alors, au cours des dernières semaines, j’ai profondément réfléchi, j’ai consulté, j’ai examiné les options qui se présentent à nous. Vous le savez tous, je suis médecin. Ce métier je l’ai en moi, cette réflexion, je l’ai en moi. Il y a en médecine des spécialistes du quotidien, du temps long, et il y a des urgentistes. Je suis de la première catégorie. Et c’est de la seconde dont nous avons besoin tout de suite, à Marseille. (…) Moi je suis un excellent médecin.
Et c’est pour ces raisons que j’ai pris la décision de quitter mes fonctions de Maire de Marseille. J’ai présenté ce matin ma décision au Préfet. J’ai toujours pensé qu’en politique il n’y avait pas d’homme ou de femme providentiel.le. Nous sommes une équipe ! J’ai toujours parlé de collectif. (…) Le Printemps Marseillais, c’est un collectif. Il l’a toujours été. Et c’est ce collectif que notre ville a choisi, elle choisi un projet plus qu’un visage. Je sais que cette réalité déconcerte et interroge. Je sais que le duo que nous formons avec Benoît Payan intrigue. Ce que nous accomplirons ENSEMBLE dissipera les doutes. (…) Depuis les premiers jours de cette aventure, et plus encore depuis le 4 juillet, nous sommes côte à côte, nous avons mené campagne ensemble, nous avons gagné ensemble, et nous gouvernons ensemble.
Nous formons un binôme. Je souhaite que notre binôme continue mais s’inverse, et que Benoît devienne Maire. En effet, c’est de son énergie et de son expérience dont Marseille a besoin aujourd’hui, plus que de la nouveauté que j’incarne, qui a certes séduit les Marseillais, qui a fait gagner Marseille, mais pour qu’on fasse gagner notre ville et que notre ville se relève, il faut inverser ce choix, il faut que je prenne cette décision. (…) Ce choix est le mien. C’est le choix d’une militante et d’une femme libre. C’est une choix en responsabilité et en conscience. (…)
Nous défendons une nouvelle manière de faire de la politique, de gouverner, collective et partagée, où les femmes comme les hommes peuvent assumer tous les rôles, toutes les fonctions. (…)”
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