A Calais, l’échouage de marsouins fait craindre une nouvelle hécatombe sur notre littoral cette année
Pas une semaine sans que les promeneurs ne découvrent un marsouin échoué, sur les plages de la région Hauts-de-France. la semaine derniére, malgré l’intervention de la LPA de Calais, avec l’aide des sapeurs-pompiers, une femelle de 2 ans, blessée et épuisée a dû être euthanasiée.
Publié le 21/01/2019 à 09:34 Mis à jour le 21/01/2019 à 09:41
En début d’après-midi, un appel d’un autre promeneur signale qu’un autre marsouin venait à nouveau de s’échouer sur la même plage. Il a rapidement été identifié comme étant la jeune femelle. Dans un état critique, le cétacé présentait cette fois des saignements. « Nous avons constaté des épanchements réguliers au niveau de “l’évent” de l’animal : l’orifice situé sur le sommet de la tête et qui lui sert à respirer lorsqu’il remonte. Si l’animal ne peut plus respirer ses chances de survie sont nulles.» explique Florent Dagebert du centre de Sauvegarde de la faune Sauvage qui dépend de la LPA de Calais.
Après un examen vétérinaire, les équipes ont décidé d’abréger ses souffrances. Le marsouin a été euthanasié. Déposé dans les locaux de coordination mammologique du nord de la France, une autopsie sera effectuée en Belgique, pour établir les causes de son échouage.
Une hécatombe d’animaux marins
Chaque année, il y a plus d’une centaine de ces échouages par an. En 2018, 96 cétacés (marsouins ou dauphins) et 79 phoques ont été retrouvés morts, sur nos plages, de la frontière belge à Berck-sur-mer. Une baleine de 18 mètres de long et de près de 30 tonnes, s’était échouée sur une plage en Belgique, l’année dernière.
« 60% sont dus à des blessures, lors de captures accidentelles dans les filets des marins pêcheurs » rappelle Jacky Karpouzopoulos, président de la coordination mammologique du Nord. Il précise que ces chiffres ne représentent que “15% des cétacés morts en mer “. Les animaux blessés ne peuvent, souvent, plus respirer normalement et se noient.
Des causes humaines à cette hécatombe ?
Déjà 3 marsouins ont été découverts, échoués sur les plages de notre littoral : à Malo-les-Bains, Quend-Plage puis aujourd’hui à Calais. La mer du nord, riche en poissons attirent de plus en plus de mammifères marins. On recense prés de 500 phoques vivants sur notre littoral et juqu’à 20 000 marsouins. « Depuis 10 ans, ces animaux, venus du Nord de l’Europe, se sont installés sur nos côtes et s’y reproduisent » observe Jacky Karpouzopoulos. Selon lui, “la multiplication des fermes éoliennes, la raréfaction du poisson, due à la surpêche et l’élévation des températures de la mer modifient la chaîne alimentaire des mammifères et oiseaux marins”.
L’association Robin des Bois parle d’hécatombe. Elle était allée jusqu’à porter plainte l’année dernière, après la découverte d’une femelle en cours de gestation, morte sur une plage en baie de Seine.
Les marsouins, les plus petites baleines à dents
Ces animaux vivent près de nos côtes. Ils préfèrent les eaux de moins de 17°C. Leur dentition est composée d’une cinquantaine de dents pointues, qui lui permettent de manger des crevettes, du poisson et des calamars. Le marsouin aime aussi les algues. Il a besoin d’environ 4 kg de nourriture par jour. En nageant, le marsouin “roule” et ce type de mouvement est appelé “marsouinage”.
Il fait de courtes plongées, généralement très peu profondes. Sa respiration se fait à l’air libre et son souffle lorsqu’il remonte pour respirer est très sonore. C’est d’ailleurs du néerlandais que leur viennent leur nom de marsouin, « meerswijn » qui signifie cochon des mers. Le plus important prédateur du marsouin est l’homme, qui l’a très longtemps chassé pour sa viande. De nos jours, cet animal timide et discret est un animal protégé !