Hervé Kempf : « Il y a une régression en matière de politique écologique dans ce pays »
Le média en ligne Reporterre, quotidien de l’écologie, publie un ouvrage collectif L’écologie du XXIème siècle aux éditions du Seuil. Alors qu’Emmanuel Macron annonce faire de l’écologie le « combat du siècle », quelle crédibilité écologique peut-on accorder au gouvernement ? Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre, est l’invité de #LaMidinale.
Sur la crédibilité écologique d’Emmanuel Macron « Les éditorialistes de la presse aux mains des oligarques y croient encore [au tournant écologique du quinquennat]. » « Le tournant vert est une formule employée par des commentateurs politiques pour s’occuper l’esprit. » « Il y a une opération de communication évidente de la part d’Emmanuel Macron. » « Non seulement il n’y a pas de vraie politique écologique mais il y a en plus une régression en matière de politique écologique dans ce pays. » « L’office de la biodiversité se retrouve avec des moyens inférieurs par rapport à ce qu’il avait. » « L’office national des forêts se retrouve en voie de privatisation et est orienté vers une productivité maximale et non pas vers une approche écologique. » « Le détricotage du droit de l’environnement qui se fait discrètement affaiblit la protection de l’environnement. »
Sur la politique de ‘réparation’ du gouvernement « On n’est pas dans une attitude d’opposition systématique, on est journaliste : on constate, on observe. » « La prise en compte de l’élévation du niveau de mer me parait raisonnable. C’est à peu près le seul point positif. » « Elisabeth Borne a annoncé que les fonctionnaires prendraient moins l’avion : c’est une très bonne chose mais comme le dit Karima Delli [eurodéputée EELV], si on veut vraiment lutter contre l’avion – ce qui est une nécessité absolue – il faut augmenter le prix du kérosène et arrêter la politique d’extension des aéroports. » « Il faut développer les trains de nuit. »
Sur la convention citoyenne pour le climat « À Reporterre, on a une attitude d’observation et de journalisme critique. » « On a regardé l’élaboration de la convention citoyenne pour le climat avec un certain scepticisme en se rappelant d’ou ça venait : c’est une idée lancée par Emmanuel Macron et Cyril Dion à un moment où le gouvernement s’est senti menacé et affaibli par les gilets jaunes. » « Il y a quand même dans le dispositif mis en place des mécanismes intéressants : permettre à des gens comme vous et moi de réfléchir ensemble à un sujet en ayant des vrais débats et délibérations. » « La grande inquiétude que j’ai c’est que ça serve la communication d’un gouvernement qui n’a pas pas de vraie approche écologique. » « Ces citoyens vont faire des propositions mais ces propositions, pour beaucoup, sont déjà connues et pourraient déjà être mises en oeuvre. »
Sur l’invasion du siège BlackRock « En tant que je journaliste, je n’ai pas à juger du mode d’action. » « On est très attentif à tous les modes d’action. » « Le discours des jeunes et moins jeunes qui ont mené cette action nous parle beaucoup : ils disent que ce que fait le capitalisme et les institutions financières est désastreux et créé des dégâts, nuisances et dommages qui sont très considérables par rapport à quelques malheureux tags. » « On n’a pas vu les éditorialistes manifester le même outrage et horreur quand les LBD étaient tirés sur les gens dans les rues de manière inconsidérée. » « Face à la violence extrême, le tournant autoritaire que prend le capitalisme, est-ce que les outils de la non violence sont suffisants pour endiguer cette volonté brutale d’imposer le néolibéralisme alors qu’il y a des défis écologiques sidérant et qu’il y a une injustice sociale insupportable ? »