L214. Sébastien Arsac : “En luttant contre l’élevage intensif, on agit pour le bien-être général”
24 mai 2021 – L’association de défense des animaux d’élevage L214 diffuse régulièrement des images d’animaux brutalisés et à l’agonie. Sébastien Arsac, cofondateur et enquêteur de l’association, dénonce les pratiques routinières d’abattoirs et pointe les responsabilités. ” L214 demande au ministre de l’Agriculture un nouvel audit généralisé de tous les abattoirs de France”, indique dans un communiqué l’association qui publie régulièrement des vidéos choc pour dénoncer les conditions d’élevage, de transport et d’abattage des animaux. Les dernières images diffusées sur internet montrent des truies poussées à coups de pied et d’aiguillon électrique, alors qu’elles semblent en partie paralysées, se trainant au sol.
D’autres reçoivent des coups d’aiguillon dans l’anus pour avancer plus vite. D’autres encore se retrouvent bloquées dans un couloir visiblement trop étroit et les coups d’aiguillon ne permettent pas de dégager les animaux. Les images ont été tournées dans l’abattoir de la Société Briécoise d’abattage (SBA), une unité du groupe Les Mousquetaires (Intermarché) spécialisée dans l’abattage, la découpe et le désossage de truies de réforme, c’est à dire de truies en “fin de carrière”. Quelque 2.300 cochons y sont abattus chaque semaine. “Ces images sont dures, crues et choquantes et je comprends que les employés de ces abattoirs craquent, tout le monde finirait par avoir ce comportement-là vu les conditions de travail.
Ces images doivent initier un débat collectif qui nous concerne tous” s’insurge Sébastien Arsac. “Les images filmées à la Société Briécoise d’abattage et diffusées par L214 sont choquantes”, a réagi dans un communiqué la direction de l’abattoir, disant avoir “décidé, par mesure conservatoire, de suspendre provisoirement la ligne de production concernée, en attendant les conclusions des différents audits et enquêtes internes qui ont été immédiatement diligentés, en lien avec les autorités sanitaires”. Sébastien Arsac nous explique également de quelles manières ces images sont réalisées.
“Ce n’est pas normal que ce soit compliqué de filmer et documenter la réalité sur un sujet qui concerne tout le monde” souligne l’enquêteur. Outre le lancement d’un “certain nombre de travaux”, l’abattoir devra apporter des garanties en termes de “formation de son personnel” et de “capacité à surveiller l’ensemble de (ses)pratiques”, a ajouté Yvan Lobjoit, directeur départemental de la protection des populations (DDPP, services vétérinaires), évoquant la possibilité pour l’entreprise de mettre en place un dispositif de vidéo-surveillance. La préfecture a également évoqué des “pratiques inacceptables avec des manquements graves aux règles de protection animale”.
À l’époque, Stéphane Le Foll avait ordonné, fin mars 2016, des inspections dans l’ensemble des abattoirs de France. Celui de Briec avait également été inspecté en avril 2016. “Cinq ans plus tard, tous les problèmes relevés par la direction départementale de la protection des populations perdurent”, dénonce L214 qui précise avoir également introduit “un recours en responsabilité contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle de l’application de la réglementation”. “Un véritable paradoxe puisque la question de la souffrance animale n’a jamais été autant abordée dans les débats et on n’a jamais autant mangé de produits animaux qu’aujourd’hui à l’échelle mondiale. Une stratégie entretenue par la filière pour entretenir cette consommation de viande”, dénonce L214.
“En luttant contre l’élevage intensif, contre l’industrialisation de l’élevage, on agit pour le bien-être général, pour la santé publique et aujourd’hui il faut être acteur ; on peut prendre le pouvoir et on doit prendre le pouvoir” souligne Sébastien Arsac.
📣 SUIVEZ L’HUMANITÉ ! Retrouvez tous nos articles sur 👉 www.humanite.fr/ Notre page Facebook 👉 fr-fr.facebook.com/human… L’Humanité est aussi sur Twitter 👉 twitter.com/humanite_fr