Interview de Jacques Toubon, Défenseur des Droits, qui quitte ses fonctions le 16 juillet
4 juil. 2020 –
Interview de Jacques Toubon, Défenseur des Droits, qui quitte ses fonctions le 16 juillet au terme de son mandat: “Toute position de déni est de nature à aggraver les problèmes, et par exemple, une certaine défiance aujourd’hui entre une partie de la population et une partie de la police. Quand on n’est pas dans le déni, on peut agir, quand on est dans le déni, on va à l’affrontement” – 03.07.2020 – Boulogne-Billancourt, France.
“On le voit bien, et on l’a vu dans les manifestations des Gilets Jaunes, il y a une réflexion à entamer, et surtout une action à mener pour modifier ce qu’on appelle pompeusement la “doctrine” du maintien de l’ordre. (…)
Élizabeth Martichoux, dans toutes les situations de ce type, dans les discriminations, pour les droits de l’enfant, etc., toute position de déni est de nature à aggraver les problèmes, et par exemple, une certaine défiance aujourd’hui entre une partie de la population et une partie de la police (…) il faut simplement voir les réalités (…)
La relation en France avec les services publics s’est dégradée, et elle s’est dégradée parce que les services publics se sont réduits, en implantation géographique ; on dit toujours: “y’a plus personne derrière les guichets” ; et on a remplacé ça par la numérisation.
L’an passé, il y a un an-et-demi, j’ai fait un rapport, que je crois être un des apports principaux de ce que j’ai fait pendant 6 ans, sur le fait que, soi on continue à transformer toutes les formalités administratives en formalités numérisées, il y aura 20 à 25% des personnes en France qui vont être larguées, laissées pour compte participer rapport aux services publics. (…) Il faut qu’il le fasse mais en pensant à ces 20 à 25% de personnes qui ont du mal, et que j’ai décrites. (…)
Quand on n’est pas dans le déni, on peut agir, quand on est dans le déni, on va à l’affrontement. (…)
Le non-recours, c’est aussi ce qui mine la cohésion sociale, (…) ça veut dire que vous ne vous reconnaissez plus dans la République. (…)
Qu’est-ce que c’est le droit inconditionnel à l’hébergement? C’est le droit de dormir dans la rue OU de dormir à l’intérieur. Ça fait une très, très grande différence. (…)
Quelque chose qui me tient à cœur depuis toujours: essayer de casser la fatalité.”
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