Le pass sanitaire, c’est le pass autoritaire !
Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale le dimanche 25 juillet 2021 pour la motion de rejet contre le pass sanitaire. Voici la retranscription de son intervention : « L’empereur Caligula, dit-on, avait imposé son cheval comme Consul de Rome. Il testait la résistance du Sénat. Emmanuel Macron applique le pass sanitaire. Il teste l’attachement des français à leurs libertés.
Le Pass sanitaire n’aura aucun effet sur la santé des Français. Au contraire, on doit craindre qu’il puisse la menacer. Car la vaccination par la contrainte qu’il vise est déconseillée avec force par l’Organisation mondiale de la santé. De plus, vous voulez ignorer que les personnes vaccinées, comme moi, peuvent encore non seulement être contaminées mais diffuser le virus. Enfin, vous rendez les tests rares et payants contrairement, une fois de plus, aux conseils de l’OMS. Au total, avec la gestion de la crise sanitaire dans le secret du conseil de défense, en pleine crise collective, notre pays est gouverné par une personne seule, le président, dont il faut ensuite changer la moitié des décisions parce qu’elles sont ingérables.
À présent, vous prenez une pente, plus hasardeuse encore, quand vous entrez dans l’intime du corps sain ou malade, souffrant ou mourant, pour y établir le règne de vos lois et règlements absurdes. Allez lire chez Hannah Arendt où mènent inéluctablement les effractions du politique dans l’intime. Le pass sanitaire change la nature de la société dans laquelle nous voulons vivre. Ainsi, d’une crise sanitaire vous faites une crise politique. Car avec le pass sanitaire, pour la France, commence l’ère de la liberté conditionnelle. Oh ! Tout reste libre, à condition que le régime macroniste, ses états d’urgence et pass de toutes sortes, en donnent la permission.
Liberté conditionnelle, comme pour tous les condamnés qui se sont bien tenus, c’est la société du contrôle permanent. Le pass-sanitaire sera contrôlé cent fois par jour, à tout propos, vous allez scanner et rescanner toute la population, par toutes sortes de gens sans mandat, et même ceux qui ne le veulent pas. C’est le cas des 200 000 restaurateurs et cafetiers chargés de contrôler leurs clients. Vous les menacez : 9000 euros d’amende et la fermeture administrative de l’établissement. Un travailleur vient travailler sans pass ? Son salaire est suspendu. S’il est en CDD ou contrat de mission, licenciement immédiat possible !
Je note qu’avec une ostentation de classe assumée, vous n’imposez pas de Pass sanitaire à l’entrée des conseils d’administration ni avant les assemblées d’actionnaires. Et si une personne testée positive ? Isolement forcé avec visite de police possible à la fin des contrôles. La BAC à domicile ? Pourquoi pas les Brav ? Un soignant non vacciné ? Suspendu ! Il doit apprendre à vivre sans salaire. Consternant régime où la menace sociale remplace tout dialogue. Évidemment le règne de la bureaucratie du contrôle ce sera l’absurdie. Pour vous on se contamine dans les TGV mais pas dans les RER. Le virus est présent dans les restaurants mais pas dans les écoles.
Les soignants, les pompiers, les serveurs, les cinéphiles, les théâtreux sont des vecteurs de contagion mais pas les policiers. Vous forcez à l’isolement les personnes contaminées mais même dans leurs logements même surpeuplés sans réquisitionner les milliers de chambres d’hôtel disponibles. Et puis, voici les vaccinations contrôlées par des non vaccinés, vérifiées d’un arrêt du train à l’autre et combien d’autres trouvailles. Elles ne semblent être là que pour permettre une sorte de dressage généralisé des « gaulois réfractaires » et les obliger à obéir, obéir et obéir encore contre la raison et le bon sens. Le pass sanitaire c’est le pass autoritaire. Le pass sanitaire c’est la discrimination sociale assumée comme le montre la carte des vaccinations.
Pourtant, la liberté est notre droit initial et vous n’avez aucun droit contre elle. Bien sûr, toute liberté a des limites. Mais on ne peut les fixer qu’avec scrupules et les mains tremblantes. Pour les amis de la liberté, mieux vaut se tromper en oubliant d’interdire qu’en interdisant trop. Non ! Nous ne sommes pas un peuple de patients, ni de délinquants potentiels, mais un peuple de citoyens. Et pendant que vous imposez ces absurdités vous ne prévoyez rien pour organiser les roulements d’horaires de travail, rien pour les purificateurs d’air à installer partout, rien pour renforcer les moyens de l’hôpital public et faire revenir les 180 000 personnes qui ont quitté son service !
Rien pour la rentrée de douze millions d’élèves et de leurs enseignants. Que vont devenir les millions d’enfants non vaccinés à l’heure de la piscine, de la musique et de tous les temps extra-scolaires ? »