Marinaleda, un village en utopie – 2013
Il était une fois l’humble village de Marinaleda, à 30km de Séville en Espagne. Un beau matin de 1979, tout le village se mit en marche pour occuper le lac d’une riche famille locale. Face à cette famille qui possédait toutes les terres alentours, soit 12 000 hectares, les habitants ne possédaient rien. Pour demander le simple droit de puiser de l’eau dans le lac, ceux-ci ont occupé les lieux pendant 10 ans, face à un propriétaire tenace et aux forces policières. Pourtant après 10 ans de lutte, ce riche propriétaire finit par céder 10% de terre. Ces 10% ont changé le destin de 3000 personnes… Alors que l’Espagne bat des records de chômage et d’expulsions, qu’y a t-il de spécial à Marinaleda ?
-Un salaire identique pour tout le monde -Pas de propriété privée, pas de chef -Moins de 5% de chômage
-Pas de dette -100% des habitants avec un toit -Des maisons auto-construites par les habitants.
-Un loyer à 15€ pour 90m² avec petit jardin et garage -Une crèche pour les enfants à 12€ par mois, repas compris
-Un accès Internet gratuit pour toute la ville
-Une assemblée populaire réunie 70 fois par an, pendant laquelle tous les habitants, des enfants aux seniors, sont appelés à débattre et venir décider en temps réel du bien-fondé de toutes les dépenses publiques, au vote à main levée.
Révolutionnaire ? Pas tant que ça pour des assemblées qui existaient déjà ici au 14ème siècle. Sans compter l’exemple démocratique de l’antique ville d’Athènes. Et pour financer cette utopie, la ville a su exploiter un trésor local : l’huile d’olive. De la production à la distribution, les habitants maîtrisent toute la chaîne. 400 artisans de la terre pour l’oliveraie et 250 employés pour l’usine de fabrication; employés qui au même titre que le responsable analphabète de l’usine, participent tous aux décisions de manière égalitaire. Tout est auto-géré, sans propriétaire ni chef, si ce n’est l’ensemble des habitants. Si vous souhaitez changer de point de vue sur la société et vous ouvrir aux potentiels du collectif humain, posez-vous 20 minutes et laissez-vous simplement guider par l’énergie de Juan Manuel Sánchez Gordillo, le maire de cette ville utopique, qui à la question »Mais comment avez-vous fait pour être réélu maire 7 fois ? » répond ainsi : « Je crois que le secret c’est d’être le premier à l’heure des sacrifices et de la lutte, et le dernier à l’heure des bénéfices« .