Olivier Besancenot : « On a envie qu’un gouvernement anticapitaliste voit le jour »
7 avr. 2022 – Sur les enjeux de l’élection présidentielle « L’enjeu de cette élection présidentielle, c’est de poser des bases pour l’avenir. » « Pour le mouvement ouvrier et la gauche sociale et politique, l’enjeu, c’est de préparer les meilleures conditions pour que la gauche se réinvente, se reconstruise et se retrouve sur des terreaux communs, notamment sur la question antifasciste et du danger de l’extrême droite ou sur la question de répartition des richesses. » « La suite de l’élection présidentielle, ce n’est pas simplement se préparer à résister aux mauvais coups qu’il y aura probablement mais d’accompagner toutes les mobilisations, notamment sur la question des salaires. »
Sur le vote utile à gauche au premier tour « On accompagne la mobilisation unitaire contre le fascisme mais renoncer à la candidature alors que même Jean-Luc Mélenchon ne l’a jamais demandé – je rappelle qu’il a parrainé la candidature de Philippe Poutou -, non. J’imagine qu’il est au courant qu’il y a des sensibilités politiques qui font que l’on est indépendant mais on sera unitaire pour 1000 dès qu’il faudra avancer. » « Je ne suis pas paternaliste, les gens font en conscience, je ne suis pas là pour leur mettre une pilule dans la tête. » « La candidature de Philippe Poutou, elle porte du coeur mais aussi de la raison, c’est-à-dire qu’elle porte un programme, des idées politiques et des positions internationalistes. » « Philippe Poutou n’est pas un politicien professionnel, il ne suit pas les codes du sérail de la classe politique. » « Il faut regarder vers l’avenir et ne pas s’enferrer dans des débats qui ne vont pas être super productifs… »
Sur la perspective d’un second tour Macron – Le Pen « On ne votera jamais pour l’extrême droite. Jamais. » « Si c’est ce scénario-là, ça va être 15 jours d’engueulade dans toutes les familles de gauche et tout le monde aura le bon argument. » « Là où le mouvement a su se retrouver, c’est aussi dans les grands combats contre l’extrême droite. » « J’ai 47 balais, je milite depuis l’âge de 14 ans, il y a des choses que j’entends et d’autres que je vois auxquelles je ne pensais jamais devoir être confronté de ma vie : des manifestations avec des bras tendus… » « Le problème politique, c’est que l’on n’est pas confronté simplement à différentes gammes de libéralisme où tout se vaut. » « Au-delà des individus, il faut voir les forces politiques qui sont derrière. » « Il y a quelque chose de substantiel à cette élection présidentielle : la gauche est dans les eaux basses. Et la polarisation à la droite et à l’extrême droite est un phénomène majeur : on le voit du point de vue des idées. » « L’histoire est là pour nous rappeler que la percée politique de l’extrême droite et des mouvements populistes fascistes, ce n’est jamais un seul candidat : c’est un processus politique au long cours où la gauche court après la droite, où la droite court après l’extrême droite et où l’extrême droite s’est extrême droitisée elle-même. » « On est obligé de se dire que des seuils qualitatifs sont franchis quand une famille politique, dans un torrent d’insultes ouvertement racistes, islamophobe, sexistes, homophobes cherche à réhabiliter les pages les plus sombres de l’histoire. » « Si la gauche est aujourd’hui dans les eaux basses, c’est qu’on n’a pas appris à être aussi décomplexé que l’extrême droite. »
Sur le mouvement ouvrier « Le mouvement ouvrier existe encore. » « Il y a des raisons d’espérer parce qu’il y a eu des mobilisations nouvelles : les mobilisations climatiques, les mobilisations de la jeunesse, les mobilisations dans les quartiers, notamment autour du Comité Adama… » « On doit entrer dans une phase de reconstruction du mouvement social de manière générale en réhabilitant de façon unitaire en son sein une dynamique anticapitaliste. » « Il faut que les uns et les autres aient un peu d’humilité pour trouver une manière de dénouer les désaccords politiques qui existent. » « Il faut que l’on soit tous dans une logique de dépassement. » « J’entends Jean-Luc Mélenchon avoir des références explicites au mouvement ouvrier, comme nous, comme au Parti communiste. » « Du point de vue du mouvement ouvrier, il y a des histoires longues en termes d’espace politique. Il est donc difficile d’imaginer qu’une seule forme ou qu’un seul courant politique puisse prétendre cristalliser toutes les formes de radicalité, même celles qui sont exprimées de nos jours. » « Quand c’est la crise pour la gauche radicale, c’est la crise pour tout le monde. Quand c’est la dynamique, c’est la dynamique pour tout le monde. »
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