1969 : France terre d’accueil ?
Reportage consacré aux travailleurs étrangers qui vivent en France. Dans le dernier rapport du Conseil Economique et Social sur les travailleurs étrangers, les estimations indiquent qu’ils seraient environ trois millions. En théorie, “les travailleurs étrangers doivent jouir des même droits que les français sous quelques réserves”, mais la réalité est bien différente. A travers des exemples puisés dans les Bouches du Rhône ou en région parisienne, le film retrace les étapes de l’intégration des immigrés dans la société et observe les réactions des Français qui partagent leur quotidien. En Camargue, dans le village de Mas-Thibert près d’Arles, rencontre avec des anciens harkis qui sont venus s’installer pour suivre leur leader Bachagha Boualam : – Interview de Bachagha BOUALAM : “avec la population d’origine française ça s’est très bien passé, mais il y a eu un peu de tiraillement avec les néo français, les gens d’origine italienne ou espagnole….
L’intégration est possible car les jeunes filles vont à l’école, mais elles n’ont pas l’esprit assez mûr pour sortir seules et il y a trop de tentations pour les jeunes”. – Témoignage d’une jeune fille, Frédérique, fille de harkis qui travaille aux champs pour continuer ses études et aller travailler à Paris : elle fréquente facilement de jeunes européens, mais ses parents souhaitent qu’elle continue suivant leur religion, et se marie avec un arabe. Les gens du nord sont moins racistes. Réactions de jeunes qui sont en cours avec elle : “avec l’éducation ils s’intègreront”.
Un professeur souligne que les filles musulmanes ont tendance à vouloir copier les “européennes” dans l’organisation de vie à la française, elles ont honte de ce qu’il y a chez elles. Elles sont les meilleures de la classe, elles sont très travailleuses, mais seront confrontées au racisme des employeurs qui préféreront donner du travail à une française plutôt que d’embaucher une “petite arabe” et diront “elle a pris la racaille, on emploie ce mot”. Cité Font Vert (à Marseille ?), évocation des discriminations dans l’attribution de HLM : – Interview d’un homme qui estime que “ces gens là ne veulent pas s’assimiler comme ils devraient le faire, ils ne participent pas aux réunions de l’Amicale de la cité Font vert”. Il déplore le fait que les petits algériens jouent avec les petits européens car “certains ne sont pas fréquentables”.
A Montreuil, discussion dans un centre de formation féminine étrangère : des jeunes femmes noires témoignent du racisme en France, dans le métro, ou pour trouver un logement. A Marseille, l’organisation d’Outre mer, qui forme, éduque pour intégrer les étrangers en les mêlant dans les ensembles aux locataires français : – Témoignages de femmes qui parlent de la cohabitation : certaines sont adeptes du “chacun chez soi”, “on ne peut pas parler avec des femmes algériennes comme on parle avec des femmes françaises.” – Cours de français pour des enfants et pour adultes donnés par des membres du comité d’entreprise de certaines usines. – Témoignage d’un ouvrier portugais Carlos, qui raconte ses difficultés lors de son installation et l’arrivée de sa femme. Il fait un travail qui ne lui plait pas. Il s’est syndiqué pour défendre ses droits.
Images d’archive INA Institut National de l’Audiovisuel www.ina.fr
Régie 4 | ORTF | 10/06/1969